Exposition passée

La comédie du diable

Du 15/06 au 11/09/2005

Horaires : -

Plein tarif / Tarif réduit : -

A l'occasion de la réédition de La Comédie du diable (Éditions Lume) le musée expose des affiches, une quarantaine d'estampes de son fonds d'art graphique et des livres illustrés sur lesquels démons, diablotins et autres esprits malins sont mis en scène.

Dans les années 1830, des ouvrages comme le Diable à Paris rassemblent les talents de nombreux écrivains et artistes : les rêves et les tentations fascinent ou intriguent et les diables aux physionomies fantaisistes ou grotesques deviennent source d'inspiration.

Avec ce thème particulièrement répandu au XIXe siècle, Betall, Daumier, Gavarni ou Grandville s'amusent à parodier la société. Ingénieux, querelleurs et turbulents, les émissaires de Satan se livrent à toutes sortes de jeux peu recommandables. Ce sont par exemple des petits démons libertins qui se distraient de manière incongrue avec des jeunes femmes plutôt dociles. Pendant que l'envoyé du diable dessiné par Gavarni, le dandy Flammèche, part à la conquête de Paris et des parisiennes, le facétieux diablotin Bertall attise la discorde dans les Petites misères de la vie conjugale. Le Poitevin popularise le genre et s'en fait une véritable spécialité : ses lithographies coloriées qui s'apparentent à de la bande dessinée, s'inspirent des monstres de Callot, des peintures de Bosch ou de Bruegel, et multiplient les références au carnaval (ogre, sorcière, mage, squelette ou chauves-souris se consacrent à leur occupation diabolique). Quant à Daumier qui achève de purger une peine de prison dans un asile d'aliénés, il dessine les chimères ou les souhaits, les projets et les idées fixes des patients avec lesquels il est enfermé, en leur donnant la forme de petits diables persécuteurs.

La Comédie du diable tient une place singulière dans l'oeuvre de Balzac : c'est l'un des seuls textes à mettre à scène le diable. Cette farce burlesque s'ouvre avec la description d'un gigantesque banquet. Une fête réunissant 32 000 damnés (parmi lesquels Adam, Cléopâtre, Socrate, Voltaire...) est organisée aux enfers mais comme le diable s'y ennuie "Par le nom de Dieu ! il faut que je m'amuse", il décide de construire un théâtre afin d'y faire jouer la comédie.

«  En ce moment un effroyable tumulte se fit entendre derrière la toile et dans les coulisses. Aussitôt la salle des séances fut démolie par le peuple en fureur, qui criait : "Du pain ! du travail ! nous ne voulons plus de liberté ! Un roi ! un roi !" Alors, sur les ruines du palais, un homme monté sur un cheval blanc, apparut soudain : et malgré l'uniforme de général dont il était revêtu, les damnés reconnurent en lui de vagues ressemblances avec Satan. - Il tenait un sabre d'une main, et, de l'autre, un sceptre en fer rouge.

A l'aspect de cet homme sans foi ni loi, sans croyances et sans coeur, la foule devint silencieuse et trembla, devinant instinctivement qu'il serait longtemps son maître.

Les damnés applaudirent, et Satan lui-même dit en souriant à la mort :

"Ne devons-nous envoyer la décoration des deux cornes en croix à l'auteur de la pièce ? La flatterie est ingénieuse. - flatterie ! dit Astaroth ; n'est-ce pas plutôt la vérité, sire ?... "Ce premier acte fini, tous les damnés allèrent prendre des glaces chez Tortoni."
 »

Honoré de Balzac La Comédie du diable