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Balzac est-il balzacien ?

Par Isabelle Tournier

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Balzac est l'un des quelques écrivains, avec Rabelais, Corneille – et Voltaire pour l'esprit –, dont le nom a fourni une épithète de nature à la langue courante. Bien qu'il soit difficile de préciser ce qu'on entend exactement par attitude, personnage ou situation « balzacienne », on peut tomber d'accord sur un minimum commun et retenir un souci pédagogique quasi maniaque du détail, le sens des caractères fortement typés et celui des contrastes dramatiques, mais toujours une sorte de force, de profusion d'énergie et d'excès.

Par contre, s'agissant des descriptions, chacun sait ou croit savoir ce qu'il en est : la description balzacienne est réputée longue, (beaucoup) trop longue. Aujourd'hui, l'adjectif, et l'image de Balzac qu'il projette, pourrait sembler péjoratif : dans les années 1960, Alain Robbe-Grillet en particulier et les tenants du Nouveau Roman attaquèrent vigoureusement le réalisme grossièrement documentaire qu'ils lui prêtaient.

Juste retour des choses, ce Balzac qui passa donc un moment pour le prototype d'un modèle de roman périmé et esthétiquement faible, est maintenant réhabilité de toutes parts, notamment par Claude Simon, jadis classé parmi les nouveaux romanciers, et qui tint à rappeler en 1986 dans son Discours de Stockholm pour le prix Nobel que le roman balzacien fut :
« hardiment novateur à son époque […] soutenu par un certain emportement de l'écriture et une certaine démesure. »

Il faut donc se garder d'enfermer Balzac dans des représentations toutes faites que balzacien résumerait. Ce n'est guère possible de bonne foi, ne serait-ce qu'à cause de l'abondance de l'oeuvre : plus de cent romans de toutes dimensions, des pièces de théâtre, des essais ou articles de politique, de critique littéraire, d'humeur, par dizaines, sans parler des contes qu'il nomme « drolatiques », écrits à la manière de Rabelais et, au temps de sa jeunesse, de plusieurs textes poétiques, ceux-là oubliés à bon droit. Dans cette production débordante, qui n'est guère dépassée en son siècle, même par Dumas et ses « nègres », si l'on tient compte de la brièveté relative de la vie littéraire de Balzac (trente ans à peine, de 1820 à 1849) comment pourrait-il n'y avoir qu'un type de matière et d'approche ?