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Balzac, romancier malgré lui ?

Par Isabelle Tournier

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La proposition est paradoxale tellement Balzac est identifié au roman : il en est le modèle et le contre-modèle (ne pas écrire comme Balzac était, voici trente ans, le mot d'ordre des « nouveaux romanciers »). La question mérite pourtant d'être posée et nécessite quelque examen.

D'une part, parce que Balzac s'est intéressé, dans la hâte de sa vie brève, au journalisme (il a même à deux reprises dirigé des journaux), au théâtre (il est l'auteur de huit pièces et espéra jusqu'à sa mort un succès à la scène qui lui aurait apporté gloire et fortune), à l'édition, à la politique. Il a composé des « physiologies », genre d'époque situé entre le journalisme et l'encyclopédisme, qui recensait pour un type social donné (l'employé, le notaire), toutes ses catégories (souvent sous une forme caricaturale) ; il a entretenu une énorme correspondance et il a laissé une masse d'ébauches, de projets et de textes inachevés dans des genres divers.

D'autre part et surtout, parce que Balzac évita soigneusement toute sa vie de se définir lui-même comme romancier. Savoir que la postérité ne verrait plus en lui qu'un romancier, même le plus grand, ne l'aurait peut-être pas ravi. Hormis quelques oeuvres de jeunesse qu'il renia, et où sur le modèle de Jacques le Fataliste de Diderot, le romancier parle de lui à la troisième personne, et les articles de 1840 où il tenta, dans sa Revue parisienne, d'affirmer les beautés du genre et de lui donner des « lois » face aux dénigrements de la critique, Balzac prend soin de ne pas se désigner publiquement comme romancier, pas plus qu'il ne parle volontiers de ses oeuvres comme de romans. Pour cela, il utilise un lexique emprunté aux divers vocabulaires disponibles pour les productions de l'art et de la pensée, « composition », « étude », « histoire », « tableau », et le plus souvent au registre du théâtre. Outre le titre générique qui immortalise ses oeuvres complètes, n'oublions pas que les groupements thématiques de récits qui constituent la section des Etudes de moeurs dans La Comédie humaine, et son point de départ, s'intitulent des « Scènes ». (voir Architecture de l'édition Furne dans le protocole d'édition). On ne s'étonnera pas de cette discrétion offensive à l'égard du mot si l'on replace le roman dans le contexte culturel de l'époque.