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Z. MARCAS

par Pierre LAFORGUE

 

I. L'HISTOIRE

Z. Marcas se présente sous la forme d'un récit à la première personne, fait par un narrateur dont l'identité sera révélée tout à la fin, Charles Rabourdin, le fils du personnage principal des Employés. Il raconte ses années d'université à Paris, dans la petite chambre qu'il partage avec un camarade, Juste. Ils sont les voisins d'un homme sans le sou, dont ils finissent par faire la connaissance : Z. Marcas. Celui-ci leur raconte sa triste vie : associé à un député, bientôt ministre, à qui il a servi de mentor, il a été trompé par lui et réduit à l'état misérable dans lequel il se trouve, après plusieurs expériences malheureuses dans le journalisme. Un soir, l'ancien ministre se présente et implore le soutien intellectuel de Marcas ; celui-ci, après avoir refusé, se laisse persuader par les deux jeunes gens ; au bout de trois mois, le ministère ayant été renversé, il revient malade à son ancienne chambre et meurt en janvier 1838 ; on l'enterre dans la fosse commune.

 

II. HISTOIRE(S) DU TEXTE

Cette nouvelle, dont ne subsistent ni manuscrit ni épreuve, a paru pour la première fois dans le premier numéro de la Revue parisienne, le 25 juillet 1840. Le texte était précédé d'une épigraphe, empruntée à la nouvelle elle-même (« La jeunesse comprimée éclatera comme la chaudière d'une machine à vapeur ») et suivi d'une indication de lieu et de date (« Aux Jardies, juillet 1840 »).

Elle connaît une seconde parution en octobre 1841 dans un recueil collectif intitulé Le Fruit défendu, publié en quatre volumes chez Dessessart. Elle figure dans le quatrième volume sous le titre : La Mort d'un ambitieux. La date finale a disparu, mais le texte est identique à celui de la Revue parisienne.

Elle est  enfin intégrée à La Comédie humaine en août 1846, dans le tome XII, de nouveau sous le titre Z. Marcas, dans les Scènes de la vie politique, entre Une ténébreuse affaire et L'Envers de l'histoire contemporaine, accompagnée d'une dédicace au comte Guillaume de Wurtemberg, et retrouvant l'indication de lieu et de date qui avait disparu dans l'édition de 1841. Quant à l'épigraphe de la Revue parisienne, elle disparaît de toutes les autres éditions. Pour ce qui est du texte lui-même, de sa première parution à sa dernière cette nouvelle n'aura subi aucune évolution.

 

III. PERSONNAGES

– JUSTE : né en 1811, non reparaissant.

– Zéphirin, MARCAS : « Saint Zéphirin était très vénéré en Bretagne. Marcas était breton ». Il a 33 ans en 1836, quand Rabourdin et Juste le rencontrent, l'observent et le surnomment « Ruines de Palmyre ». Fait une fugitive apparition en août 1846, dans le Furne du Un prince de la Bohème où il remplace un dénommé Marcel pour allumer son cigare avec une lettre de Claudine du Bruel, amante éperdue de La Palférine.

– Ministre (ancien) : non reparaissant.

– Charles RABOURDIN : né en 1815, fils du héros des Employés, non reparaissant.

 

IV. LECTURES ET COMMENTAIRES

Malgré la belle page de Balzac sur l'assemblage fantastique de ces sept lettres (Z. Marcas), ce roman a fait couler moins d'encre que Sarra (s/z) ine, immortalisé par Roland Barthes dans S/Z, Seuil, 1970. De manière générale, on peut s'étonner du silence relatif observé sur une oeuvre que ses analyses, rares dans la fiction, sur l'après-1830 aurait dû désigner davantage à l'attention des commentateurs. Certains ont toutefois remarqué la présence fatale dans le nom de son auteur de la dernière lettre de l'alphabet, figurant « le zigzag aléatoire et fantasque d'une vie tourmentée », ainsi que l'homophonie Marcas/ Balzac, sans qu'on sache bien quelles conclusions en tirer.