Les Contes drolatiques illustrés par G. Doré

Honoré de Balzac
Gustave Doré (1832-1883)

Date : 1855

Matériaux et techniques : Livre

Description : Edition d'un texte méconnu de Balzac illustré par l'un des plus grands artistes du XIXe siècle.

Les Contes drolatiques colligez es abbayes de Touraine et mis en lumière par le sieur de Balzac pour l'esbattement des pantagruelistes et non aultres témoignent de l’intérêt de Balzac pour la littérature de la Renaissance et en particulier pour l’œuvre de Boccace et de Rabelais. L’écrivain y pastiche le style et la pensée satiriques de ses illustres prédécesseurs, dans une œuvre au ton à la fois joyeux et grivois.

Cette première édition illustrée des Contes drolatiques est une édition posthume : Gustave Doré, alors âgé de 21 ans, n’a pas connu Balzac, décédé quatre ans plus tôt. L’idée d’illustrer ce texte lui est sans doute venue au moment où il envisage d’illustrer Rabelais. Mais elle a pu aussi lui être suggérée par son protecteur et ami Charles Philipon, directeur du journal Le Charivari, qui lance la carrière du jeune dessinateur et qui a bien connu Balzac (avec lequel il avait fondé en 1832 La Caricature). Théophile Gautier, qui voyage en Espagne avec Doré précisément en 1855, a pu aussi présenter l’œuvre de Balzac sous son aspect le plus gai et le plus proche de l’état d’esprit de son jeune compagnon de voyage, alors dessinateur de presse satirique.

De fait, la verve stylistique comme les situations cocasses des Contes drolatiques trouvent un puissant écho dans les dessins de Doré, très à l’aise dans les portraits de personnages grotesques comme dans la saisie sur le vif de scènes burlesques. S’il ne s’agit pas encore des compositions de grand format qui feront la gloire de Doré, les illustrations des Contes drolatiques n’en manifestent pas moins le talent de l’artiste au trait incisif et aux effets de clair-obscur renommés. Elles témoignent aussi de l'attrait de Doré pour le paysage, en particulier pour le paysage de montagne, genre qu'il abordera quelques années plus tard en peinture avec un grand bonheur.

La Maison de Balzac possède les matrices de plusieurs illustrations en pleine page des Contes drolatiques. Réalisées sur bois de bout, elles sont révélatrices du travail des graveurs, qui cisèlent avec précision un trait aussi fin que s’il était creusé au burin sur cuivre ou sur acier. Cette technique permet de suivre au plus près le dessin exécuté à même le bois par Doré, qui laisse le soin aux graveurs d'"interpréter" ses dessins, à jamais disparus sous leur travail.