La Grande Ville

Date : 1844

Matériaux et techniques : Livre

Description : Ouvrage collectif auquel Balzac a participé, « La Grande Ville » présente différents types sociaux et fait partie de la littérature dite panoramique qui connut un grand succès au XIXe siècle.

Contempteur de la presse, Balzac ? Plutôt défenseur des bons journalistes, comme le montre La Grande Ville. Cet ouvrage collectif reprend en effet sur sa page de titre le portrait expressif d’un « publiciste » présenté dans le chapitre consacré à la Monographie de la presse de Balzac. L’image est celle du « séide », troisième variété de l’ « auteur à convictions » dont Balzac souligne l’enthousiasme et la probité. Ce type de journaliste honnête est d’autant plus remarquable qu’il s’oppose à tous les « écrivassiers » et autres « gâte-papier» formant « l’ordre Gendelettre » sous lequel Balzac examine, sur un ton mi-comique mi-scientifique dérivé de la zoologie, l’ensemble des professions de la presse parisienne. 

Il est vrai que Balzac est très attaché aux prérogatives d’une presse indépendante, dénuée de toute compromission. Entre 1827 et 1840, il a même dirigé même plusieurs journaux dont La Revue parisienne, où il publie son analyse dythirambique du roman de Stendhal La Chartreuse de Parme, avant de dénoncer les méfaits de la presse parisienne à travers les mésaventures de Lucien de Rubempré dans Un grand homme de province à Paris. C’est donc en connaissance de cause que Marc Fournier, directeur de publication de La Grande Ville, fait appel à Balzac pour une étude du milieu journalistique : « Il fallait, pour saisir le géant corps à corps, un de ces robustes courages, un de ces hommes qui ont pour habitude de marcher dans leur force et dans leur liberté…».

Sur le modèle du Tableau de Paris, publié par Sébastien Mercier à la fin du XVIIIe siècle, La Grande Ville se propose de dresser l’ « inventaire » de la « situation morale et physique » des Parisiens. Plusieurs écrivains sont sollicités en fonction des types sociaux décrits. Paul de Kock conçoit l’ensemble du premier volume, tandis que plusieurs autres écrivains de renom, dont Balzac et Alexandre Dumas, rédigent les textes du second volume. Balzac y présente sa Monographie de la presse comme un « extrait de l’histoire naturelle du bimane en société ». A ce titre, elle reste le modèle du genre de la littérature panoramique auquel appartient l’ouvrage. Car au-delà de la vie parisienne, c’est l’ensemble de la société française que La Grande Ville souhaite présenter à un public friand de ces publications illustrées typiques de l’époque romantique, dont Les Français peints par eux-mêmes et les Scènes de la vie privée et publique des animaux sont les parangons.