Le Diable à Paris
Paris bénéficie d'une renommée internationale au XIXe siècle. C'est pourquoi Flammèche, fidèle serviteur de Satan chargé de divertir son maître, entreprend de lui adresser des comptes rendus de la vie parisienne. Tel est l'argument de la publication collective Le Diable à Paris : Paris et les Parisiens, moeurs et coutumes, caractères et portraits des habitants de Paris, tableau complet de leur vie, qui rassemble de nombreux textes rédigés par des écrivains sélectionnés pour leur connaissance du domaine présenté. Le genre de la "diablerie" en vogue à l'époque romantique permet de se moquer joyeusement de ses contemporains, par le texte comme par l'image. L'ouvrage est en effet abondamment illustré de compositions mettant en scène de petits diablotins témoins de scènes typiques racontées par des écrivains de renom.
Apparentée au genre de la "littérature panoramique", dont elle constitue l'un des fleurons avec Les Français peints par eux-mêmes et les Scènes de la vie privée et publique des animaux, Le Diable à Paris présente donc sur un mode humoristique les moeurs de nombreuses catégories sociales. Balzac y publie notamment la première version de sa Philosophie de la vie conjugale. Théophile Gautier, en critique d'art averti, rédige les Feuillets de l'album d'un jeune rapin. L'ouvrage présente aussi la ville elle-même, avec ses monuments et ses avenues, à la faveur de textes et d'illustrations relevant du genre des "voyages pittoresques" alors en plein essor. Dans Ce qui disparaît de Paris et Histoire et physiologie des boulevards de Paris, Balzac se montre attentif à l'architecture voire au "patrimoine bâti" déjà menacé de la ville, dans une attitude proche de celle d'un archéologue d'aujourd'hui.
La qualité de la publication, qui ne fait que rehausser encore l'attrait de la ville et de sa population, ne satisfait pas Satan. Il décide alors de faire revenir à lui Flammèche, serviteur trop zélé d'un diable décati. Qui est pris qui croyait prendre, telle est finalement la morale de ce facétieux panorama.