Léo Lespès, dans sa "préface semi-comique d'un livre sérieux", se propose de "prendre à chacun des auteurs contemporains une histoire, un chapitre de livre, une scène dramatique, un poëme, une oeuvre" afin de "convier tous ces hommes sans exception qui soutiennent et exaltent la gloire de la littérature française". La littérature y est bien sûr représentée, mais aussi la musique, la peinture et la danse, dans l'esprit de "fraternité des arts" propre à l'époque romantique. L'illustration y joue un grand rôle, l'objectif étant d'"unir la plume et le crayon" selon l'expression de Léo Lespès.
Aux côtés de de Hugo, Dumas, Musset, Lamartine ou Berlioz sont mentionnés de nombreuses personnalités aujourd'hui méconnues voire totalement oubliées. L'un des intérêts de l'ouvrage est justement de connaître le goût de l'époque, tous domaines confondus. La publication se veut avant tout plaisante et n'hésite pas à varier les sujets. Ainsi sont reproduites les signatures de personnalités célèbres, dont est analysée la "physiologie" correspondant à une véritable étude graphologique. Eugène de Mirecourt présente "Un dixain de Millevoye" tandis que Ch. Villagre s'intéresse à l'histoire des cartes à jouer. Le texte anonyme "L'Hirondelle" évoque un "Souvenir du château de Vincy en Suisse pendant l'émigration" et les "Fragments d'histoire naturelle" s'intéresse aux félidés (lion, lionne, panthère, tigre, lynx, chat). La présence de ce dernier texte dans une publication essentiellement culturelle rappelle les correspondances établies à l'époque entre les espèces animales et les types sociaux, masculins ou féminins, définis précisément par ces félidés.
Balzac, qui a mis en évidence cette correspondance entre art et science dans ses romans, bénéficie d'une grande renommée en 1850, date de parution de l'ouvrage. Si aucun de ses textes n'est reproduit, l'écrivain est plusieurs fois représenté : dès la vignette de titre par Bertall, qui le place parmi d'autres auteurs, puis caricaturé par Nadar en créateur mariant une plume et un crayon, ainsi qu'au bras de Mme Hanska pour illustrer l'allusion à son récent mariage. Il figure aussi parmi les douze écrivains célèbres représentés par Bertall en ombre chinoise dans son "Panthéon caricatural". Théophile Gautier en fait aussi partie, mais c'est surtout son oeuvre poétique, alors très appréciée, à laquelle l'ouvrage rend hommage.Son poème "Sérénade" est intégralement reproduit et agrémenté d'un grand bandeau dont le classicisme (un portrait de femme entouré d'angelots) répond à la pureté du poème.