Lettre de Balzac à la duchesse d'Abrantès (recto)

© PMVP, cliché Joffre

Lettre de Balzac à la duchesse d'Abrantès (verso)
 
Lettre à Madame d’Abrantès,
Collection Maison de Balzac

Eh ! mon dieu non, je ne suis pas ingrat
vous m’aviez promis de m’avertir, et vous
m’avertissez après. Vous ne saviez
pas, que je me couche maintenant
à 6 heures du soir, que je me
lève à minuit, et que je travaille
ainsi 14 heures de suite ; mon dieu,
je suis plongé dans des travaux si
cruellement despotiques, que je ne
saurais avoir de tort. J’accepte
volontiers la revanche. Je n’ai qu’une
heure à donner au monde – de
5 à 6 heures pendant mon dîner.
J’ai juré d’avoir ma liberté, de
ne devoir ni une page, ni un sou,
et dussè-je crever comme un mousquet
j’irai courageusement jusqu'à la
fin. Je n’ai même pas l’excuse
d’un [ ? ? ?], car je ne me doutais
pas plus de Mme Wyse que de
la maîtresse que j’aurai, si dieu
le veut. Que Mme Wyse me
pardonne ; elle est si belle qu’un

pardon devient royal chez elle
ainsi, je serai chez vous à
6 heures, car par aventure,
je suis forcé de sortir à 4 heures
Mille amitiés bien tendres et
mille gracieusetés pour votre
bonne fâcherie et votre doux
pardon
à vous
honoré