RENCONTRE-LECTURE. FRANÇOISE SAGAN : AIMEZ-VOUS BALZAC ?

Dépositaire du patrimoine français, Françoise Sagan possède une solide culture classique. Dans Des Bleus à l’âme, elle écrit : « Vive Balzac qui pleurait sur ses héroïnes, ses larmes coulant dans son café […]. » La parenté qui relie Sagan à Balzac est moins morale qu’esthétique. Habitués à travailler, de nuit, à l’aide d’excitants, les deux écrivains offrent une peinture de la bourgeoisie caricaturée jusqu’au type. Dans Un Orage immobile (1983), le notaire d’Angoulême rappelle beaucoup maître Mathias dans Le Contrat de mariage ou Monsieur Dionis dans Ursule Mirouet.
Dans la tradition réaliste, le milieu implique et explique les personnages saganiens, qui fréquentent des salons où se manigancent « de petites affaires balzaciennes comme en pratiquent couramment les femmes à Paris » (La Chamade) ou encore des pensions miteuses comme dans Le Chien couchant (1980). Partagés entre pesanteur provinciale et superficialité parisienne, plusieurs héros de Sagan suivent le schéma balzacien de la montée providentielle dans la capitale, à l’instar d’Édouard dans le roman Dans un mois, dans un an.
Ainsi, retrouve-t-on dans l’oeuvre du « charmant petit monstre » les motifs balzaciens de l’ambition, de la condition féminine ou de la sexualité – mais avec une approche tout à fait différente.

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