DISPOSITIFS OLFACTIFS
La Maison de Balzac poursuit son projet d’ancrer La Comédie humaine dans le fait culturel et sociétal contemporain.
Faire dialoguer Balzac et les artistes d’aujourd’hui s’avère être un enrichissement mutuel pour le monde d’aujourd’hui et pour la lecture des œuvres de Balzac, peintre, lui-même de la vie moderne.
Ainsi, Pierre Alechinsky, Louise Bourgeois, Eduardo Arroyo, Alkis Boutlis et quelques autres ont lu Balzac et donné leur interprétation, leur vision, leur lecture de textes, aussi variés que Le Traité des excitants modernes, Eugénie Grandet, Une Passion dans le désert, Séraphita, Louis Lambert, autant de mises en relief de l’empreinte profonde, fécondante et toute en nuance, de la pensée d’un grand écrivain.
Parallèlement, le musée s’attache à développer des projets autour d’expériences multisensorielles et notamment celle de l’odorat, amorcée en 2021.
Associer l’olfactif à l’exposition « Illusions (conjugales) perdues », c’est susciter et ressusciter des émotions.
Ainsi, pour accompagner l’exposition, grâce au mécénat de la maison de parfums Givaudan, cinq parfumeurs se sont lancés dans l’aventure, en prouvant encore une fois la permanence d’une œuvre dont l’universalité n’est plus à démontrer et donner à sentir une facette contemporaine de La Comédie humaine.
Ainsi, cinq fragrances ont été créées, car on le sait, chez Balzac fleurs, odeurs, parfums, parfois bons, parfois mauvais ont une place de choix. Balzac relie souvent des odeurs et des senteurs à des états d’âme ou à des souvenirs. Quelques héroïnes aussi sont caractérisées par des parfums. Ainsi, la femme devient fleur, métaphore de vertus comme de voluptés capiteuses. À Henriette de Mortsauf est associé le lys qui donnera son nom au roman Le Lys dans la vallée ; à Honorine, la violette, et à Béatrix, la pervenche.
Des parfums originaux ont été composés sur ces bases.
Pour évoquer le mariage et les couronnes de fleurs que portaient les mariées, Daniela Andrier évoque la fleur d’orangers et Ashley Santiago recompose son pendant olfactif sensuel et exotique, le volkaméria, décrit par Balzac dans Voyage de Paris à Java.
Trois autres nez de renom ont composé spécialement des parfums en les associant à Henriette (Shyamala Maisondieu), Honorine (Rodrigo Flores-Roux) et Béatrix (Yann Vasnier). Ces trois personnages incarnent des types féminins tels qu’on les concevait au XIXe siècle : la femme honnête, l’infidèle et la séductrice. Henriette résiste à la tentation mais elle meurt de sa passion amoureuse frustrée. Bien qu’infidèle à son mari, Honorine apparaît néanmoins aussi pure que secrète. Quant à Béatrix, non seulement elle est infidèle, mais elle ne s’épanouit que dans la séduction. Balzac dépasse donc les typologies de son temps pour entrer dans la complexité de l’âme humaine. Les parfums créés spécialement pour ces trois héroïnes permettent à chacun de donner libre cours à son imagination. Il suffit de humer ces fragrances pour se laisser envahir de sensations, d’images, de souvenirs peut-être. Cette expérience olfactive trouve son prolongement dans la lecture, elle permet en effet d’aborder ensuite sous un angle inédit Le Lys dans la vallée , Honorine et Béatrix !
La Maison de Balzac exprime toute sa reconnaissance à la maison de parfums Givaudan qui a généreusement financé la création de ces parfums et ses collaborateurs qui ont contribué à la réalisation de la scénographie olfactive :
Gilles Andrier, directeur, Sophie Cauchi, responsable de la communication externe, Eugénie Briot, historienne de la parfumerie, ainsi que les parfumeurs qui ont enrichi cette exposition de leurs créations olfactives, Daniela Andrier,
Rodrigo Flores-Roux, Shyamala Maisondieu, Ashley Santiago et Yann Vasnier.
Dispositifs olfactifs initiés et pilotés par Véronique Prest,
Cheffe du service des publics, Maison de Balzac