Louis-Philippe, le roi poire !

Pour les besoins d’un procès, Philipon invente la déformation progressive en poire de la tête de Louis-Philippe. Ce thème est ensuite exploité avec méchanceté et intelligence par les caricaturistes, au premier rang desquels Daumier, Grandville ou Traviès. La qualité des dessins, leur puissance expressive, leur humour, l’esprit mordant des commentaires, forgent une image aussi détestable que durable de la monarchie de Juillet.

À la drôlerie, ces caricatures associent la violence, et peuvent inciter à l’émeute, à la révolution, voire au meurtre. Jusqu’où une société libérale – la monarchie de Juillet est l’un des régimes les plus tolérants du XIX^e siècle – peut-elle laisser aller la liberté d’expression ? En juillet 1835, l’attentat du républicain Fieschi lors du passage du roi provoque un carnage parmi les spectateurs et l’entourage royal. Des lois sur la presse, votées en septembre, laissent la liberté de critiquer l’action du gouvernement mais la personne du roi et le principe de la monarchie ne peuvent plus être discutés.

L’image du roi poire est donc indissociable d’une réflexion sur la liberté d’expression. Qu’a-t-on le droit de dire, sous quelle forme et à qui ? Rappel d’une page d’histoire de France, cette présentation pose aussi la question des limites de la liberté d’expression et de la censure dans une société libérale.