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Journées d'étude - Le mariage dans tous ses états (7, 8 et 9 février 2025)

Ces journées d’études, organisées autour de l’exposition "Illusions (conjugales) perdues" ( 20/11/2024-30/03/2025) explore les différentes facettes du mariage, du public à l’intime, au XIXe siècle. Dans tous ces mariages de convenance qui offrent aux épouses une lourde responsabilité, - transmission de la lignée, apport de la dot et transfert du patrimoine -, la place de l’épanouissement des individus est ténue. Sensible à ce hiatus et éprouvant de l’empathie pour les femmes, Balzac pointe son miroir grossissant d’entomologiste. Il fait dire à l’une de ses héroïnes : « Oh ! : monsieur, à vous je puis tout dire. Hé bien, le mariage, tel qu’il se pratique aujourd’hui, me semble être une prostitution légale ».

Un grand merci à tous nos intervenants si précieux : Céline Duverne, Rebecca Rogers, Maxime Perret, Jean-Louis Halperin, Aïcha Limbada, Caroline Muller, Eugénie Briot et Michelle Perrot.

Michelle Perrot à la Maison de Balzac

Avec cette troisième après-midi, nous avons conclu nos journées d'études intitulées, FOCUS, LE MARIAGE DANS TOUS SES ETATS, des 7, 8 et 9 février 2025.

Cette invitation s’inscrit dans notre programmation, celle des rencontres avec les personnalités qui ont laissé leur empreinte sur les XXème et XXIème siècles, leur apportant leur regard et leur interprétation.

C’est le cas de Michelle Perrot,  historienne des femmes, de la vie privée et de l'intime. Michelle Perrot dit qu'il faut "lire tout Balzac".

SAMEDI 8 FÉVRIER 2025 

" LE MARIAGE DANS TOUS SES ETATS" - AU COEUR DE L'INTIMITÉ CONJUGALE. LES SECRETS DES CORPS ET DES AMES

14h30 : Introduction par Véronique Prest 

Modératrice : Véronique Prest, responsable du service des publics de la Maison de Balzac 

14h45 :  « Les désillusions de la nuit de noces » par  
Aïcha Limbada, membre de l’Ecole française de Rome 

« Il y a tels mariages dont le malheur a été décidé par la première nuit : ceux-là n’ont même pas de Lune de Miel. S’il faut s’étonner d’une chose, c’est que les déplorables absurdités accumulées par nos mœurs autour d’un lit nuptial fassent éclore si peu de haines ! », écrit Honoré de Balzac dans sa Physiologie du mariage en 1829.  La découverte des « réalités du mariage » au moment de la nuit de noces et les désillusions qui s’ensuivent sont un thème répandu dans les fictions mais aussi dans de nombreux témoignages, tout au long du XIXè siècle.    
Aïcha Limbada a publié La nuit de noces. Une histoire de l’intimité conjugale, Paris, La Découverte, 2023 (Prix Pierre Lafue 2024)

15h15 : « A qui confier son cœur et son âme ? Le rôle du directeur de conscience au XIXe siècle » par Caroline Muller, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Rennes 2

Dans la France du XIXe siècle, les femmes des élites ont peu d'interlocuteurs avec qui évoquer leur vie intime et conjugale : le souci de la respectabilité, la crainte du scandale et la pudeur rendent difficile toute discussion autour des tourments des cœurs et des corps. Bien d'entre elles se tournent alors vers un directeur de conscience : ce dernier, tenu au secret, offre un espace épistolaire ou oral qui permet d'accueillir cette parole et, parfois, de chercher des solutions pour surmonter les épreuves conjugales. Une pratique de conseil spirituel et moral devient alors un lieu de discussion et de négociation des rôles de genre dans le mariage.
Caroline Muller a publié Au plus près des âmes et des corps. Une histoire intime des catholiques au XIXe siècle, Paris, édition Presses universitaires de France, 2019

15h45 : « L’échelle olfactive conjugale. Des parfums de sainteté à ceux de l’adultère » par 
Eugénie Briot, docteure en histoire des techniques, responsable Histoire & Transmission, Givaudan

Comme tous les éléments de la parure féminine, le parfum fait l’objet au XIXe siècle de normes sociales très précises. Dans un monde où l’idéal féminin aristocratique et bourgeois est celui du dévouement conjugal et maternel, les parfums floraux sont l’un des instruments à l’œuvre pour filer la métaphore de la femme-fleur, et tenir les femmes à distance de leur instincts « animaux ». Dans une telle perspective, la violette en particulier, ravissante mais discrète et réservée, aussi bien visuellement qu’olfactivement, tient le rôle de parfum idéal, tandis que le lys, au parfum pourtant puissant, parce qu’il est associé à la Vierge Marie, est symbole de pureté. Aux antipodes de ces notes florales, le musc, animal et sensuel, la civette, et dans une moindre mesure l’ambre, font figure de repoussoirs dont la femme de goût doit se tenir écartée à tout prix. Sur ce continuum entre vice et vertu, trois figures féminines de la Comédie Humaine ont inspiré les parfumeurs de Givaudan, qui ont imaginé pour elles trois créations contemporaines que nous sentiront au cours de cette conférence. 
Eugénie Briot a publié La Fabrique des parfums. Naissance d’une industrie de luxe, Paris, Éditions Vendémiaire, 2015 
 
16h15 : Discussion 

17h00 : Temps d’échange 

Organisé par Véronique Prest, responsable du service des publics, Maison de Balzac

 

Voir ou revoir la Journée d'étude du 8 février

VENDREDI 7 FÉVRIER 2025 

"LE MARIAGE DANS TOUS SES ÉTATS" - LE MARIAGE ET LE POIDS DE LA SOCIÉTÉ. DU PUBLIC AU PRIVÉ, ÉCHAPPER OU PAS AUX LOIS DE LA SOCIÉTÉ.

14h30 : Introduction par Véronique Prest, responsable du service des publics, Maison de Balzac 

Modération : Maxime Perret
Maxime Perret est docteur en lettres, spécialiste de Balzac, directeur des éditions Perret 

14h45 : « La fabrique des filles : former des croyantes ou des raisonneuses? » par
Rebecca Rogers, professeur en histoire de l’éducation, Université ParisCité-CNRS-UMR Cerlis

Dans la foulée des transformations révolutionnaires, l’éducation des filles fait l’objet de controverses où quelques voix de femmes tentent de défendre une instruction sérieuse et émancipatrice contre un large consensus souhaitant former de bonnes mères de famille, pétries de valeurs religieuses.  
Rebecca Rogers a publié Les Bourgeoises au pensionnat. L’éducation féminine au XIXème siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007. Préface de Michelle Perrot.


15h15 : « Devoirs et droits des épouses et des époux dans le Code Napoléon et dans les contrats de mariage » par
Jean-Louis Halperin, professeur d’histoire du droit, Ecole normale supérieure – PSL 

L'appréciation des devoirs et des droits des époux dans l'œuvre de Balzac et les caricatures étonnantes de son temps doit prendre en compte les articles du Code Napoléon, les règles spécifiques aux femmes commerçantes, la jurisprudence et la pratique. Le Code Napoléon a maintenu la règle de l'Ancien Régime de l'incapacité des femmes mariées, qui les subordonne à la puissance maritale, soumet leurs actes juridiques à l'autorisation du mari et s'accompagne d'un double standard dans la sanction de l'adultère. Les divers régimes matrimoniaux susceptibles pour les personnes fortunées d'être mis en place par les contrats de mariage donnent tous au mari le pouvoir d'administrer les biens de l'épouse, y compris le régime de séparation de biens. Balzac, très critique à l'égard du Code civil en général, a-t-il été un défenseur des droits des femmes?
Jean-Louis Halperin a notamment publié Histoire des droits en Europe. De 1750 à nos jours, Paris, Flammarion, 2020. 

15h45 : « Réactionnaire ou protoféministe ? Lire et comprendre Balzac à l’ère #MeToo » par
Céline Duverne, agrégée de lettres, docteure en lettres et enseignante aux universités de Nanterre et Paris Est Créteil 

Sous l’effet du code Napoléon, l’univers des femmes est de plus en plus étriqué. La femme n’appartient qu’au père, au mari, aux enfants. Comment devenir femme, intellectuellement, affectivement, physiquement ? Est-ce renoncer à soi ? 
Céline Duverne est la conseillère scientifique de l'exposition "Illusions (conjugales) perdues" et spécialiste de Balzac

16h15 : Discussion 

17h00 : Temps d’échange 

 

Voir ou revoir la Journée d'étude du 7 février