Le terme « charivari » désigne en effet le « bruit confus de huées, de sifflets, de casseroles et d'autres objets que l'on fait (...) à certaines personnes dont on désapprouve la conduite » (Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle). Réunissant presque la même équipe de journalistes et de dessinateurs, Le Charivari connaît les mêmes déboires que La Caricature et doit infléchir sa ligne éditoriale pour ne pas connaître la même fin. La caricature politique, immortalisée par le motif de la poire dérivée du visage de Louis-Philippe, cède ainsi la place à la caricature « de moeurs », comme on disait alors, ce qui permet au journal de poursuivre une longue carrière.
La qualité des dessins fait perdurer le succès du journal, qui en retour est un formidable support de publicité pour les artistes qu'il contribue à faire connaître. Ainsi les célèbres séries « Robert Macaire » (légendées par Philipon), « Gens de justice », « Les Bas-bleus » ou « Types parisiens » de Daumier sont publiées sous forme de dessins de presse avant d'être repris dans les albums du même nom. Les oeuvres de Gavarni, de Monnier ou de Doré, pour ne citer que les plus célèbres artistes de la première moitié du siècle, suivent le même parcours éditorial.
Passé maître en « caricatures écrites » (selon son expression), Balzac collabore ponctuellement au Charivari dont il connaît bien les dessinateurs, les journalistes et les directeurs successifs : il a notamment fondé La Caricature avec Charles Philipon et est l'ami d'Armand Dutacq.