Petites Misères de la vie conjugale - illustrations de Bertall
L'édition en volume des Petites Misères de la vie conjugale, parue chez Chlendowski en 1846, est une extension du texte de la Philosophie de la vie conjugale, précédemment paru dans Le Diable à Paris. C'est surtout une édition illustrée par Bertall (1820-1882), dont Balzac apprécie le travail au point de rédiger les Petites Misères dans le but de soutenir la carrière du jeune dessinateur. Les souvenirs de Bertall sont formels :
« Mon petit, me dit-il, je fais un livre pour vous. J'en ai publié un chapitre chez Hetzel, et je le complète maintenant à votre intention (...) Je veux que vous mettiez là-dedans des dessins, énormément de dessins » (Le Figaro du 20 août 1881).
Balzac avait déjà repris le texte de la Philosophie de la vie conjugale dans Paris marié, illustré par le maître de Bertall, Gavarni. Mais l'attrait de Balzac pour l'art de Bertall, qui a déjà largement contribué à l'illustration de l'édition originale de La Comédie humaine, le pousse à créer une seconde oeuvre à partir du même texte, que le jeune artiste illustre de trois cents dessins (dont cinquante en grand format). Il est vrai que Bertall incarne le modèle de l'illustrateur selon Balzac, qui apprécie avant tout son esthétique neutre, objective, apte à s'effacer devant l'oeuvre littéraire qu'il "traduit" en images avec une grande fidélité tout en restituant l'esprit comique du texte.
L'affiche de librairie (dont la Maison de Balzac conserve un exemplaire) reprend le frontispice de l'édition, exécuté par Bertall lui-même grâce à la technique de la lithographie. L'affiche permet ainsi de rendre compte du dessin original de l'artiste mais aussi de la qualité des gravures sur bois de l'ouvrage, qui restituent plutôt qu'elles n'interprètent les dessins de Bertall.